Les Echos:Οι Κασσάνδρες της ελληνικής χρεοκοπίας και το ακίνδυνο παιχνίδι τους ...
Zone euro :
le jeu sans risque des Cassandre
Les Echos:
Οι Κασσάνδρες της ελληνικής χρεοκοπίας και το ακίνδυνο παιχνίδι τους
Aνάλυση της Catherine Chatignoux στην εφημερίδα Les Echos με τίτλο
«το ακίνδυνο παιχνίδι των Κασσάνδρων»
σχολιάζει τις προβλέψεις κυρίως από το αγγλοσαξωνικό στρατόπεδο περί χρεοκοπίας της Ελλάδος, περί διάσπασης της ευρωζώνης και άλλα παρόμοια καταστροφικά για το μέλλον του ευρώ.
Στην εισαγωγή της ανάλυσής της η Catherine Chatignoux υπογραμμίζει ότι «Δεν υπάρχει εβδομάδα που κάποιος οικονομολόγος εμβέλειας – κυρίως αγγλοσάξωνας – να μην προβλέψει την έξοδο της Ελλάδος από την ευρωζώνη.
Αυτή την εβδομάδα ήταν η σειρά του Willem Buiter από την Citigroup ο οποίος εκτιμούσε με πιθανότητα 50% ότι η Ελλάδα θα βγει από τον ευρωζώνη.
Ο γνωστός J. Attali εκτιμούσε με το ίδιο ποσοστό ότι θα εξαφανιστεί η ευρωζώνη.
Σύμφωνα με την έμπειρη συντάκτη, στη βάση του το παιγνίδι είναι απλό. Αφορά στο να προβλεφθεί ένα σημαντικό γεγονός ώστε να ελκύσουν την προσοχή των ΜΜΕ και στη συνέχεια να προσεταιρισθούν τις δάφνες του προφήτη σε περίπτωση που οι προβλέψεις επιβεβαιωθούν, προετοιμάζοντας βεβαίως μια διέξοδο διαφυγής αν δεν επιβεβαιωθούν. Σε ύψος 50% το ρίσκο που αναλαμβάνεται είναι μηδαμινό.
Η Ελλάδα βέβαια είναι ο πιο φυσικός υποψήφιος σε τέτοιου είδους προβλέψεις και πάρα πολλές φορές έχει δυσφημιστεί.
Τον περασμένο Νοέμβριο όμως η Ιταλία και η Ισπανία έδωσαν νέα τροφή στις χρηματοοικονομικές Κασσάνδρες.
Ο Ρουμπινί έλεγε στις 11 Νοεμβρίου στους Financial Times ότι το ρίσκο μεγαλώνει όλο και περισσότερο χωρίς να εκτιμά το ύψος της πιθανότητας. Στο ίδιο μήκος κύματος πάλι ο Willem Buiter, ενώ ο γνωστός νομπελίστας Κρούγκμαν δεν προβλέπει απλά χρεοκοπία της Ελλάδος αλλά και έξοδο από το ευρώ χωρίς όμως να προσδιορίζει πιθανότητες και να θέτει χρονοδιαγράμματα.
Σύμφωνα με τη συντάκτη το κοινό σημείο των αναλύσεων είναι ότι εξετάζουν το θέμα υπό αυστηρά οικονομικούς όρους. Ή χρεοκοπία της Ελλάδος εκτιμά η συντάκτης είναι πολύ πιθανή ιδιαίτερα δεδομένου του σφάλματος διάγνωσης των ιθυνόντων της ευρωζώνης οι οποίοι παρέβλεψαν την αφερεγγυότητα (insolvabilité) της Αθήνας και πίστευαν ότι με ένα πρόγραμμα δραστικής λιτότητας η χώρα θα τα κατάφερνε. Ακόμα και το νέο πρόγραμμα των 130 δις επιμένει σε νέα μέτρα λιτότητας.
Αυτό που αγνοούν όμως οι οικονομολόγοι είναι ο καθοριστικός παράγοντας του πολιτικού ρόλου στη διαχείριση αυτής της κρίσης. Ποιος θα μπορούσε να ισχυριστεί ότι η βούληση του να διατηρηθεί η Ελλάδα στην ευρωζώνη ώστε γενικότερα η ευρωζώνη να μείνει άρτια δεν είναι απόλυτη; δεδομένου ότι είναι αδύνατο να υπολογιστούν οι συνέπειες μιας εξόδου της Ελλάδος από το ευρώ.
Έπειτα ποιος θα μπορούσε να υπολογίσει τον πολιτικό αντίχτυπο μιας εξόδου της Ελλάδος από το ευρώ. Αναφερόμενη στους Μέρκελ-Σαρκοζύ η συντάκτης διερωτάται ποιος θα μπορούσε να τους φανταστεί ότι ενώ υπερηφανεύονται ότι έσωσαν την Ευρώπη από το γκρεμό θα πάρουν το ρίσκο να εγκαταλείψουν την Ελλάδα λίγους μήνες πριν από καθοριστικές εκλογές για τον ένα όπως και για τον άλλο;
Από την αρχή της κρίσης οι Ευρωπαίοι τήρησαν σωστή στάση, όχι χωρίς δισταγμούς, όχι χωρίς λάθη. Κατάφεραν όμως να διατηρήσουν τη συνοχή της ευρωζώνης παρά τις τεράστιες πιέσεις των αγορών και των μαθητευόμενων μάγων. Δεν αποκλείεται να διαψεύσουν τους χρησμούς του κατακλυσμού. Ας δώσουμε και σε αυτούς 50% πιθανότητες…
10-2-2012
Zone euro :
le jeu sans risque des Cassandre
DE CATHERINE CHATIGNOUX
Il ne se passe pas une semaine sans qu'un économiste ou un analyste financier de renom -de préférence anglo-saxon -annonce un défaut grec et/ou la sortie de la Grèce de la zone euro et/ou l'éclatement de cette dernière. Cette semaine, c'était au tour de Willem Buiter, chef économiste à la Citigroup, la plus grosse banque américaine. Selon lui,
« la Grèce a désormais 50 % de chances de quitter la zone euro au cours des dix-huit prochains mois ». En novembre, l'essayiste Jacques Attali voyait
« la Grèce a désormais 50 % de chances de quitter la zone euro au cours des dix-huit prochains mois ». En novembre, l'essayiste Jacques Attali voyait
« une chance sur deux pour que l'euro disparaisse avant la fin de l'année » 2011. Le principe du jeu est simple. Il s'agit de prédire un événement grave de façon à capter l'attention des médias avec l'ambition de se parer des habits du visionnaire si l'on finit par avoir raison, tout en se ménageant une porte de sortie au cas où la mauvaise nouvelle ne se produirait pas. A « 50 % de chances », la prise de risque est nulle. La Grèce constitue le candidat le plus « naturel » à ce genre de prédiction et elle a été maintes fois vouée aux gémonies. Mais, en novembre, en pleine bourrasque financière, l'Italie et l'Espagne ont ouvert de nouvelles perspectives à ces Cassandre financiers. « L'Italie pourrait être contrainte d'abandonner l'euro et de revenir à sa monnaie nationale afin de régler le problème de sa dette publique, ce qui pourrait provoquer la dislocation de l'Union monétaire européenne », estimait ainsi le 11 novembre l'économiste américain Nouriel Roubini, cité par le « Financial Times ». Là, le professeur distingué s'est bien gardé de se lancer dans des calculs de probabilités : le risque d'un tel scénario « est de plus en plus élevé », se contentait-il d'estimer. Willem Buiter lui-même ne donnait pas cher de l'avenir des pays de la périphérie de la zone euro, le 16 novembre, sur Bloomberg TV. « Je pense que nous avons environ quelques mois -sinon quelques semaines, mais il pourrait s'agir de jours -avant qu'apparaisse le risque d'un défaut non justifié de l'Espagne et de l'Italie. » La suite du refrain est connue : « Un tel défaut constituerait une catastrophe qui entraînerait le système bancaire européen et, avec lui, l'Amérique du Nord. » Paul Krugman, prix Nobel d'économie 2008, est moins péremptoire et ne se hasarde pas sur le terrain du calendrier. « Le consensus selon lequel la Grèce finira par faire seulement défaut est probablement trop optimiste. Je suis de plus en plus convaincu que la Grèce finira par quitter également la zone euro. »
Le point commun des analyses de ces éminents experts, c'est qu'ils réfléchissent exclusivement en termes économiques. A leurs yeux, la Grèce est insolvable et l'implacable logique financière la conduira au minimum à restructurer sa dette -c'est d'ailleurs en cours puisque le secteur privé vient de finir par accepter d'abandonner 100 milliards d'euros de créances -et plus sûrement à sortir de la zone euro pour retrouver de la compétitivité par une franche dévaluation. Il est fort possible que cela arrive un jour, surtout si l'on tient compte de l'erreur de diagnostic qui a été commise par les dirigeants de la zone euro au tout début de cette crise grecque. Les partenaires d'Athènes ont nié l'insolvabilité et affirmé que moyennant une cure d'austérité drastique, le pays s'en sortirait. Ils persistent et signent d'ailleurs, en s'engageant dans un deuxième plan de soutien de 130 milliards, couplé à de nouvelles mesures de rigueur.
Le point commun des analyses de ces éminents experts, c'est qu'ils réfléchissent exclusivement en termes économiques. A leurs yeux, la Grèce est insolvable et l'implacable logique financière la conduira au minimum à restructurer sa dette -c'est d'ailleurs en cours puisque le secteur privé vient de finir par accepter d'abandonner 100 milliards d'euros de créances -et plus sûrement à sortir de la zone euro pour retrouver de la compétitivité par une franche dévaluation. Il est fort possible que cela arrive un jour, surtout si l'on tient compte de l'erreur de diagnostic qui a été commise par les dirigeants de la zone euro au tout début de cette crise grecque. Les partenaires d'Athènes ont nié l'insolvabilité et affirmé que moyennant une cure d'austérité drastique, le pays s'en sortirait. Ils persistent et signent d'ailleurs, en s'engageant dans un deuxième plan de soutien de 130 milliards, couplé à de nouvelles mesures de rigueur.
Mais ce que les économistes minimisent, ou plutôt négligent systématiquement, c'est la part déterminante que le politique joue dans la gestion de cette crise. Qui peut dire que la détermination des gouvernements à maintenir la Grèce dans la zone euro et, plus généralement, à garder celle-ci intacte n'est pas totale ? Les conséquences économiques et financières d'une sortie de la Grèce restent énormes et en partie incalculables, même si les banques se sont défait d'une partie de leurs obligations grecques. Patrick Artus, directeur de la recherche et des études économiques de Natixis, affirmait, mercredi devant la commission des Finances du Sénat, que les assureurs et fonds de pension -sans parler de la BCE -détenaient encore 220 milliards d'euros de dette grecque. Et même si la logique économique veut que la Grèce -et peut-être le Portugal -brise le carcan d'une monnaie unique qui bride sa croissance, qui peut affirmer que les principaux dirigeants européens cesseront un jour de penser qu'il vaut mieux pour eux-mêmes que son sort reste lié aux leurs ? Ils étaient inquiets au début de la crise des risques de contagion qu'une restructuration de dette provoquerait, pourquoi le seraient-ils moins aujourd'hui ? Difficile aussi de mesurer la capacité de la population grecque à accepter les sacrifices qui sont exigés d'elle : beaucoup de Grecs sont convaincus que la purge qu'ils subissent est la seule voie possible vers un avenir meilleur.
Au-delà de l'impact financier d'une sortie de la Grèce de la zone euro, que certains s'emploient à relativiser aujourd'hui, qui peut dire l'impact politique et économique qu'une telle décision aurait sur l'Union européenne ? Lundi soir, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy sont apparus côte à côte, à la télévision, pour montrer à leurs opinions publiques qu'ils sont les plus compétents pour sortir l'Europe de la crise. Peut-on penser que ces deux dirigeants qui se targuent d'avoir évité le gouffre à la zone euro prendront le risque de laisser la Grèce la quitter à quelques mois d'élections cruciales pour l'une comme pour l'autre ? Depuis le début de la crise, les Européens ont tenu leur pari. Non sans hésitation, non sans erreurs. Mais ils sont parvenus à maintenir la cohésion de la zone euro, qu'ils continuent d'afficher comme un objectif nécessaire et cohérent. En dépit de la pression énorme des marchés et des apprentis sorciers. Il n'est pas du tout exclu qu'ils fassent mentir les oracles du cataclysme. Donnons leur aussi... une chance sur deux.
Catherine Chatignoux est chef adjointe du service International des « Echos »